Article paru dans le Inexploré Hors-série numéro 6 à l'automne 2017
4 000 ans de pratique
Médecine
millénaire énergétique et holistique, la médecine chinoise considère que
l’homme fait partie de la nature et en dépend. Ses principes de tonification et
d’harmonisation attirent de plus en plus d’occidentaux qui souhaitent se
maintenir en bonne santé.
À
l’origine la philosophie de l’ancien tao a cherché à connaître les lois
universelles de la nature et de l’univers commun à l’humanité. En se penchant
sur les lois de l’harmonie et de l’équilibre il s’agit de mettre notamment en
relation directe le microcosme et le macrocosme. Ce qui signifie que l’immense
se retrouve dans le petit et que le corps humain trouve des pendants dans les
lois de l’univers. Comme toute philosophie le taoïsme s’est penché sur le sens
de la vie et la quête du bonheur. Pour cela l’homme a besoin d’avoir un corps
sain et de vivre longtemps, afin d’avoir le temps de réaliser son mandat
céleste, qu’il découvre souvent tardivement, après avoir eu quelques expériences.
Le principe de la médecine chinoise est l’équilibre et l’harmonie entre les
éléments. Que cela soit le corps et l’esprit, l’homme et la nature, le ciel et
la terre… S’il y a déséquilibre, il y a une manifestation. Au niveau humain
c’est la maladie qui apparaît.
Les
puissances fondamentales : le Yin et le Yang
« Ni
matière, ni esprit, ni énergie, le Yin et le Yang expriment toutes les
oppositions qui assurent la formation des cycles dans le temps et dans
l’espace » explique
Yves Réquéna l’un des plus grands experts de médecine chinoise depuis trente
ans. L’homme est constitué de ces deux principes Yin et Yang que l’on retrouve
aussi dans l’univers. Ils sont opposés, complémentaires, indissociables et
interdépendants (si l’un décroit l’autre croit proportionnellement). « On
peut déduire que tout ce qui possède les caractéristiques de froideur, de
position inférieure (ou vers le bas), d’intériorité, la pénombre, l’asthénie,
l’inhibition la lenteur se rapporte au Yin. Tout ce qui est en mouvement, chaud,
dans une position supérieure (se déplaçant vers le haut), en position
extérieure, lumineux, dynamique, rapide, appartient au Yang » (1) précise
Yves Réquéna. Lorsque des symptômes apparaissent, on peut en déduire des pistes
de recherche de complémentarité à pourvoir. Par exemple de la chaleur en excès,
de la sécheresse, de l’amaigrissement, de l’insomnie… cela peut être un signe
de vide de Yin et à l’inverse une grande fatigue, du froid, des œdèmes peuvent
être signe de vide de Yang. La médecine chinoise cherchant toujours à
équilibrer les forces, le praticien devra trouver les moyens de renforcer ce
qui semble être en vide ou de faire circuler ce qui stagne.
(1) À la
découverte de la médecine chinoise, Yves Réquéna, Éd. Guy Trédaniel
Les 3 trésors :
le Qi, le Jing et le Shen
En
médecine chinoise, la vie repose sur les trois trésors (San Bao) :
Le Shen qui est l’esprit, ou conscience organisatrice. « Il
comprend les notions de vigilance, cognition, concentration, compréhension,
émotions et capacités spirituelles » détaille Yves Réquéna. Le
Shen a besoin d’une trame matérielle, l’essence vitale contenue dans la graine
séminale, c’est le potentiel dont chacun hérite pour toute sa vie : le Jing.
Enfin Shen et Jing ont besoin d’une énergie de vie pour les animer, l’origine
qui produit toute chose par ses mouvements et ses transformations : le Qi.
Plus le corps est équilibré et robuste plus il favorise un esprit clair et
puissant, le Jing nourrit et ancre le Shen. Tout déséquilibre de l’un se répercute
sur l’autre. Le médecin chinois en cherchera l’origine (dans la transmission
parentale, c’est la déficience de Jing) ou dans l’acquis (air, alimentation…)
ou encore dans la transformation (émotions, mauvaise circulation du Qi…).
Les 5
éléments / mouvements 5 substances 5 organes
En
observant la nature, on peut rapporter à l’échelle humaine des éléments
symétriques. Il y a 5 éléments en médecine chinoise : le feu, le métal, la
terre, l’eau et le bois qui vont être associés aux saisons, à un mouvement, un
point cardinal, à une substance et aux organes du corps humain (voir schéma).
Les 5 substances dans les 5 éléments sont responsables du fonctionnement et du
maintien du corps humain, ils s’équilibrent et se complètent. Il est
intéressant de voir ces connexions elles nous aident à comprendre l’origine
d’un mal. Par exemple : les soucis (Terre) correspondent à la rate elle
peut s’épuiser s’ils sont trop importants, elle sera alors en
« vide » et le cœur qui la fournit devra travailler davantage, ce qui
pourra créer un vide de Yang et les symptômes associés.
La
maladie : perdre l’équilibre et faire face aux « pervers »
Le corps
doit maintenir en équilibre les 5 substances de régulation du Qi. C’est-à-dire
le Qi lui-même, le sang, le Yin et le Yang, le Jing et les liquides organiques.
Si l’un d’entre eux se dérègle, le “pervers”, la maladie, peut s’insinuer dans
l’organisme. Le principe du « pervers » est le suivant : ce sont
des « plénitudes » c’est-à-dire des agents pathogènes en trop qui
nous intoxiquent. Ces pervers peuvent être extérieurs au corps (virus,
bactéries, champignons…) et vont créer le symptôme correspondant dans
l’organisme (les 6 climats pervers externes : vent, froid, chaleur,
canicule, sécheresse, humidité). Les pervers peuvent aussi être internes et dus
aux états émotionnels. Il y a sept émotions qui sont associées à un organe.
Ainsi lorsqu’on on observe un organe malade, on est informé sur l’état
émotionnel d’origine.
Organes
|
Émotions
|
Mouvement
= Actions sur le Qi
|
Foie
|
Colère
Anxiété
|
Fait
monter le Qi
Bloque
le Qi
|
Cœur
|
Joie
Frayeur
|
Dilate,
relâche le Qi
Disperse
le Qi
|
Rate
/ Estomac
|
Rumination,
soucis
|
Stagnation :
noue le Qi
|
Poumon
|
Tristesse
|
Repli :
diminue le Qi
|
Rein
|
Peur
|
Descente,
fuite du Qi
|
Une autre
source de pervers internes c’est l’hygiène de vie et l’environnement dans
lequel évolue l’individu : le surmenage, un lieu de vie pollué ou encore
une mauvaise alimentation peuvent créer des pervers internes. Enfin le Jing
propre à chacun et qui est de naissance, peut présenter une déficience
innée.
Les
méthodes de diagnostic
La
médecine chinoise est holistique le diagnostic demande donc un questionnaire
très complet et détaillé sur le patient. L’examen se passe en quatre
temps : l’observation le teint, les yeux, les cheveux, l’attitude, la
voix, la peau etc. et particulièrement la langue qui donne énormément
d’indication sur les vides et les pleins. Ensuite l’interrogatoire du patient
sur ses symptômes, son historique, ses antécédents, sa famille, son lieu de
travail ou d’habitat. Puis l’audition et l’olfaction la faiblesse de la voix
par exemple peut indiquer un vide de Qi ou un vide de Ying, s’il y a toux ou
odeurs corporelles. Enfin la palpation des endroits douloureux avec l’aide des
méridiens, ou le toucher des pouls, trois sur chaque poignet : selon leur
vigueur ils indiquent les organes touchés.
Les
traitements
Il existe
quatre manières de traiter les syndromes, mais il ne faut pas oublier ensuite
de comprendre la cause afin que le déséquilibre ne se reproduise plus.
Les
traitements externes : l’acupuncture (voir encadré) et la digitopuncture,
les ventouses, les moxa (bâtons chauffants).
Les
traitements internes : la diététique et la pharmacopée. Les plantes
chinoises importées sont les plus utilisés par les praticiens en France car
l’histoire des plantes médicinales s’est faite avec leur médecine. Peu de
praticiens peuvent adapter les plantes occidentales à la médecine chinoise même
si cela commence à se faire. Par principe les plantes rééquilibrent notamment
en chassant les climats (on utilise des plantes réchauffantes sur des pervers
froids par ex) ou en renforçant les « vides ». « Je souffrais
depuis l’adolescence de migraines et d’une immense fatigue pendant mes règles, raconte
Marie qui consulte depuis un an une docteure en médecine chinoise, dès
la première prise de plantes, des poudres que le médecin chinois m’a commandé
sur mesure, tous les symptômes ont disparu ! »
Les
traitements par le corps : la pratique de massage Tui na, le Qi qong, le
Tai chi qui font circuler l’énergie.
Les
traitements par l’esprit : Les gestions de la conscience ou l’émotionnel,
la prise en charge psychologique, philosophique ou spirituelle.
Enfin le
médecin chinois recommande de consulter à chaque changement de saison, le
principe est de rester en bonne santé et de continuer à aider son corps à
rester dans l’équilibre. La médecine traditionnelle chinoise a cumulé 4000 ans
de savoirs, de pratiques et de résultats notamment sur les maladies que
l’occident peine à soigner. Tout ce qui est de l’ordre du chronique, du
désagrément, du déséquilibre ou encore de l’accompagnement de soins
allopathiques. Sa méthode holistique et son immense pharmacopée permettent de
donner au consultant un moyen de traiter en profondeur ses pathologies, même si
la patience et la rigueur sont de mise, les bénéfices pour l’organisme sont
immenses au niveau confort et longévité.
L’acupuncture :
Cette
technique consiste à insérer des aiguilles à la surface de la peau à des
endroits très précis, sur les méridiens. Il existe une cartographie précise des
points à piquer, on en trouve jusqu’à 800 même si ce sont souvent les mêmes 150
qui sont utilisés. Elle a pour but de réguler le Qi qui circule dans le corps,
mais aussi d’agir sur les fonctions physiologiques, organiques et
psychologiques. Elle va avoir une action par exemple tonifiante sur un organe
ou une fonction en « vide » ou en « manque » ; elle
peut également agir en dispersant c’est-à-dire faire circuler, éliminer le
surplus de ce qui est en hyperfonctionnement, en « trop plein » ou
stagnant. C’est l’ensemble des points piqués qui va provoquer la régularisation
énergétique et un rééquilibre général. Elle sert également en prévention.
Les
méridiens :
La
majorité des points d’acupuncture sont regroupés en ensembles appelés méridiens
ou réseau d’animation, qui assurent la communication entre les organes et les
entrailles et y sont associés. Ils sont également le lien entre la surface et
la profondeur, le haut et le bas. Les principaux méridiens sont 12, dont 10
sont reliés aux organes/ entrailles. Le onzième est appelé le « triple
réchauffeur » permet la régulation entre les trois réchauffeurs
(poumon/cœur, rate/estomac, rein/vessie) et le douzième est le « maître du
cœur », il concerne le cœur et les méninges. Comme il existe ces liens, on
peut découvrir des anomalies et palpant le trajet de ces méridiens (points douloureux
à la pression…) et ainsi aider au diagnostic.
« J’avais
le dos bloqué depuis plusieurs jours et aucun médecin ni ostéopathe n’a réussi
à savoir pourquoi. Je suis allé voir mon médecin chinois qui m’a posé une
aiguille sur la zone associée à la constipation que j’avais également depuis un
certain temps, résultat mon dos s’est débloqué ainsi que mon transit ! » se rappelle Fabien.
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